Un dividende est un versement d'une entreprise à ses actionnaires. La distribution de dividendes revêt à la fois des aspects financiers et des aspects juridiques.
Généralement, les théories économiques et financières sur les dividendes convergent internationalement, mais les modalités juridiques les concernant peuvent varier en profondeur d'un pays à un autre. À titre d'exemple, en France, ce sont les actionnaires réunis en assemblée générale qui décident du versement des dividendes, tandis qu'au Canada, ce sont ordinairement les membres du conseil d'administration, sauf convention unanime des actionnaires ou disposition contraire des statuts.
Le paiement de dividendes peut permettre d'augmenter l'argent disponible pour les investissements à condition que les bénéficiaires de ces dividendes les réinvestissent. Mais ce système est parfois critiqué car il repose sur la liberté des actionnaires de décider quoi faire de l'argent reçu en dividende. Les dividendes peuvent également limiter la croissance de l'entreprise. Par ailleurs, avec des actionnaires étrangers, ils provoquent l'illusion d'une fuite de capitaux (mais en réalité, l'actionnaire étranger a apporté des capitaux étrangers supérieurs au montant du dividende lors de l'acquisition de sa participation).
En bourse, le dividende est un signal économique de la santé d'une entreprise, qui fait monter ou descendre le cours de son action. Un dividende élevé n'est pas forcément perçu positivement, notamment parce qu'il arrive que des entreprises en difficulté paient de forts dividendes.
En 2017, les 1200 plus grandes entreprises mondiales ont versé plus de 1 000 G€ (milliards d'euros) de dividendes à leurs actionnaires, en augmentation de 7,7 % sur l'année précédente. En 2018, les entreprises du CAC40 ont versé 57,4 G€ à leurs actionnaires, dont 10,9 G€ de rachats d'actions ; c'est la première année où ces distributions retrouvent leur niveau d'avant la crise de 2008.
Selon les pays, les entreprises et la conjoncture, les politiques de distribution de dividendes peuvent varier : ainsi, les entreprises américaines devraient distribuer environ 914 milliards de dollars en 2014 en rachats d’actions et dividendes, ce qui équivaut à 95 % des bénéfices estimés des entreprises du S&P 500, selon les calculs de Bloomberg et S&P Dow Jones Indices. Les dividendes et rachats ont représenté en moyenne 85 % du total des résultats du S&P 500, depuis 1998, en excluant les années de crise de 2001 et 2008. En Europe par contre, les dividendes et rachats d’actions représentent grosso modo 65 % des résultats, selon Amundi. Un sondage montre cependant qu'en 2014 une part grandissante des investisseurs préfèreraient que les entreprises utilisent une plus grande part de leurs profits à investir.
On observe que lorsque les bénéfices chutent (en 2008-2009 par exemple), les sociétés augmentent leur taux de distribution pour maintenir le dividende par action ou atténuer sa baisse.
Dans le cas de prélèvement d'impôt à la source, on distingue le dividende brut (avant impôt) du dividende net (après impôt).
Pour les sociétés qui versent régulièrement des dividendes, on appelle rendement de l'action le ratio (exprimé en pourcentage) du dernier dividende annuel connu divisé par le cours de bourse actuel. Il se distingue de la rentabilité d'une action, qui tient-compte en sus des plus ou moins-values lors de la cession.
Le dividende est l'un des éléments utilisé dans l'évaluation d'action. Certaines sociétés ont une politique de dividendes élevés, distribuant une part importante de leur bénéfice, qui peut représenter un taux très significatif par rapport à la valorisation de l'action. On parle alors de « valeurs de rendement », par opposition aux « valeurs de croissance ». Elles ont pour corollaire une probabilité moins grande d'obtenir des plus-value, puisqu'à conditions identiques, la valeur de l'entreprise est diminuée du montant des dividendes versés.
En 2019, selon l'étude annuelle réalisée par Janus Henderson, les dividendes versés à l'échelle mondiale ont atteint un nouveau record à 1 425 milliards $, selon la dernière étude de Janus Henderson. Leur progression a été de 3,5 %, la plus faible depuis 2016. Aux États-Unis, 490 milliards $ ont été distribués (+6,8 %) ; au Japon : 86 milliards $ (+6,3 %) ; en Europe (hors Royaume-Uni) : 251 milliards $ (-2 %), dont 63,9 milliards $ en France.
En 2018, selon Janus Henderson, les entreprises cotées ont versé 1 370 milliards de dollars de dividendes dans le monde, montant en hausse de 9,3 % en un an et de 87 % depuis la création de cette étude en 2009 ; aux États-Unis, la politique fiscale de Donald Trump a incité les sociétés du S&P 500 à augmenter leur politique redistributive en 2018 (+8,1 % à 509,9 milliards).
En 2017, les 1200 plus grandes entreprises mondiales ont versé plus de 1 000 milliards d'euros de dividendes à leurs actionnaires, ce qui représente une augmentation de 7,7 % sur l'année précédente.
Toutes choses égales par ailleurs, le rachat d'actions est préférable au dividende lorsque le taux d'imposition des plus-values est plus faible que le taux d'imposition des dividendes.
Pays | Taux marginal maximum d'imposition des plus-values (2015) | Taux marginal maximum d'imposition des dividendes (2015) | Ecart de taux d'imposition |
---|---|---|---|
Corée du Sud | 0.0% | 35.4% | +35.4% |
Belgique | 0.0% | 25.0% | +25.0% |
Pays-Bas | 0.0% | 25.0% | +25.0% |
Slovénie | 0.0% | 25.0% | +25.0% |
Suisse | 0.0% | 21.1% | +21.1% |
Luxembourg | 0.0% | 20.0% | +20.0% |
Irlande | 33.0% | 51.0% | +18.0% |
Turquie | 0.0% | 17.5% | +17.5% |
République tchèque | 0.0% | 15.0% | +15.0% |
Canada | 22.6% | 33.8% | +11.2% |
France | 34.4% | 44.0% | +9.6% |
Mexique | 10.0% | 17.1% | +7.1% |
Nouvelle-Zélande | 0.0% | 6.9% | +6.9% |
Israël | 25.0% | 30.0% | +5.0% |
Australie | 24.5% | 27.1% | +2.6% |
Chili | 20.0% | 22.6% | +2.6% |
Royaume-Uni | 28.0% | 30.6% | +2.6% |
Allemagne | 25.0% | 26.4% | +1.4% |
Danemark | 42.0% | 42.0% | 0.0% |
Suède | 30.0% | 30.0% | 0.0% |
États-Unis | 28.6% | 28.6% | 0.0% |
Portugal | 28.0% | 28.0% | 0.0% |
Norvège | 27.0% | 27.0% | 0.0% |
Italie | 26.0% | 26.0% | 0.0% |
Autriche | 25.0% | 25.0% | 0.0% |
Japon | 20.3% | 20.3% | 0.0% |
Islande | 20.0% | 20.0% | 0.0% |
Pologne | 19.0% | 19.0% | 0.0% |
Hongrie | 16.0% | 16.0% | 0.0% |
Espagne | 27.0% | 24.0% | -3.0% |
Finlande | 33.0% | 28.1% | -4.9% |
Grèce | 15.0% | 10.0% | -5.0% |
Estonie | 21.0% | 0.0% | -21.0% |
Slovaquie | 25.0% | 0.0% | -25.0% |
Dans la Loi canadienne sur les sociétés par actions, les règles principales sur la déclaration et le paiement de dividendes sont aux articles 42 et 43 LCSA. Dans la Loi sur les sociétés par actions du Québec, les articles 103 à 105 LSA traitent du même sujet.
Le versement d'un dividende, même en cas de bénéfice, n'est pas automatique et relève d'une décision de l'assemblée générale des actionnaires. En France, l'article L232-11 du code de commerce permet à l'assemblée générale de distribuer sous forme de dividende toute somme faisant partie du bénéfice distribuable, sous réserve que les capitaux propres après distribution soient au moins égaux au capital social augmenté des réserves ne pouvant être statutairement ou légalement distribuées, comme les réserves légales, et exclusion faite d'éventuels écarts de ré-évaluation, non distribuables. La partie du bénéfice non versée en dividende est donc conservée dans l'entreprise et est comptabilisée au passif du bilan dans le compte réserve ou de report à nouveau. L'une des conséquences importantes de cette loi est la possibilité pour une entreprise de distribuer du dividende lors de pertes. Ceci permet à une entreprise ayant suffisamment de trésorerie de continuer à verser des dividendes.